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DE LA VILLE DE PARIS.
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faire meilleurs gardes que jamais en ceste Ville, pour la conservation d'icelle et selon la confience que le Roy en a sur nous, ainsy qu'il vous a par nous esté dict et proposé; et à ceste fin, suivant l'ordonnance par nous faicte et publiée, que chacun desdictz bourgeoys ayt à se equipper d'armes et en achepter, telles que par vous et lesdictz autres cappitaines leur sera ordonné, et verrez le moien qu'ilz auront de les pouvoir avoir et recouvrer, dont il sera faict après reveue par chacun de vous, soit en leurs maisons publicquement par la Ville, ou aultrement, comme il sera par chascun de vous advisé. Et où vous trou-verriez que aucuns desdictz bourgeois seroient de ce faire negligens ou du tout refuzans, nous ordonnons que chacun de vous ayt à leur en achepter, à leurs despens, et dont il vous sera par eulx faict rembour­sement. Et en cas de reffuz, sera proceddé allen­contre d'eux par execution de leurs biens meubles, jusques à la valleur desdictes armes à eulx baillées, sans autre mandement ou ordonnance de nous que la presente.
«Et davantaige vous et lesdictz autres cappi­taines ordonnerez à ceulx desdictz bourgeois qui ne peuvent en personne se trouver ausdictes gardes de portes, rempars ct autres de jour et de nuict, quant l'occasion se presente, la necessité le requiert, et qu'il vous est par nous mandé, qu'ilz ayent chacun à vous nommer ct presenter hommes ca-
pables et de service pour eulx, desquelz vous pran-drez les noms et seurnoms par escript, iceulx enrol-lerez et prendrez d'eux serment qu'ilz ne feront faulte d'eulx trouver et presenter avecq leurs armes et equippaige, tel que leur aurez ordonné, toutesfois et quantes que vous les manderez, et au premier son de tabourin,.et ce affin que lesdictz hommes servant ainsy pour leurs maistres vous soient mieulx con-gneuz,et que lesdictz maistres n'en changent comme ilz font ordinairement, et les preignent aujourd'huy sur une dixaine et sur ung quartier, et demain sur ung autre, que quant le besoing le requiert, pour aller en garde aux portes, rempars ou ailleurs, il fault long­temps altendre après eulx ; et encores ne se y trou­vent pas que deux ou trois heures après les autres, et avecq ce n'en peult on tirer service, dont les incon­veniens qui en peuvent advenir sont par trop evi-dens. Et aussy où lesdictz bourgeois ne vouldroient à ce entendre et y obeyr, nous ordonnons sembla­blement que chacun de vous ait a mectre et enroller lesdictz hommes én leur lieu et place, pour servir pour eulx età leurs despens, exécutables sur eulx comme dessus.
«Faict et ordonné au Bureau de la Ville, le dix neufiesme jour de Novembre m. vc lxviii.»
Signé: "Bachelier».
Pareilz mandemens ont esté envoiez aux autres cappitaines de ladicte Ville.
CXXVIII. — Pour lever 2,0 o o pionniers à travailler aux fortificacio.ns de la Ville.
20 novembre 1568. (Fol. i3o r°.) •
"#e par monseigneur le Duc '''. "Au Prevost des Marchans et Eschevins de ceste ville de Paris, salut. Nous vous mandons que, eu esgard à l'urgente necessité qui ce presente, pour les nouvelles que nous avons du costé de Picardye'"2', vous aiez en toute dilligence et dedans huy faire lever la quantité de deux mil pionniers ou autres maneu-vres pour travailler à la fortiffication ; lesquelz pion­niers vous ferez lever par les quartiers et selon la
forme qu'il a cy devant esté faict; mais quc la taxe ne se face que sur les bourgeois plus aisez. Lesquelz pionniers seront garniz des oustilz necessaires pour faire travailler à lad. fortiffication. Et surtout faictes y user de dilligence, car la necessité le requiert.
"Faict à Paris, ce xxmc jour de Novembre 1568. n Ainsy signé: "FRANÇOIS n.
Et plus bas : "Par mondict seigneur séant au Conseil, Clausse»'3'.
f) François, duc d'Alençon, était resté à Paris pendant l'absence du Roi et du duc d'Anjou, ses frères.
'-' Ces nouvelles venues de Picardie avaient trait certainement à l'invasion du prince d'Orange avec deux chefs huguenots, Genlis et de Mouy-Saint-Phalle; mais dans ce pays ils ne parvinrent pas à s'emparer de la plus petite bourgade. En se dirigeant vers l'Alle­magne, comme on l'a vu dans une note précédente (page 70, note 1), ils entrèrent en Champagne, où ils prirent Vitry-le-François, qu'ils occupèrent quelque temps. Pour s'opposer A leurs entreprises, une armée fut formée dans cette province sous les ordres du duc d'Aumale, qui était allé pour le service du Roi faire une levée de 6,000 reîtres. (P. Brulart, Journal cité, p. 200.)
(3> Cette ordonnance et les mandements des 18 et 19 novembre qui précèdent ont été donnés en analyse par dom Félibien, His­toire de la ville de Paris, t. V (Preuves, t. III), p. 4o4.